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 La Traque [PV Leleka Evoë] {TERMINE}

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La Traque [PV Leleka Evoë] {TERMINE} Vide
MessageSujet: La Traque [PV Leleka Evoë] {TERMINE}   La Traque [PV Leleka Evoë] {TERMINE} EmptyMar 31 Jan 2012 - 14:10

Ciel courait. Il avait le souffle court, un pont de côté lui lacérait le flanc droit. L'écho de ses pas guidait ses poursuivants dans les ruelles de Mannheim, tout comme les gouttes de sang qu'il laissait sur son chemin. Ciel était blessé. Son bras le lançait atrocement, il ne pouvait pas le bouger sans souffrance.

Quel idiot ! Bougre d'imbécile ! Qu'est-ce qui lui avait pris de raconter tout ça au premier venu ? Dans une taverne qui plus est ? Les ivrognes, c'est bien connu, racontent n'importe quoi, surtout la vérité.

Ils l'avaient retrouvé. Le venin que Sosthène avait distillé dans le cœur des Gitans faisait effet et empoisonnait la vie de Ciel. Le jeune homme n'avait qu'une envie : écraser cette petite vipère sous sa sandale.

Mais pour l'instant, la priorité, sa survie, dont la probabilité s'était réduite à un nombre à un seul chiffre avoisinant zéro.

Ciel pestait contre lui-même, pestait contre son bras inutile qu'il serait contre son flanc et qui l'empêchait de tenir sa deuxième dague d'Organix pour faire face à ses adversaires. Le jeune homme passa en revue les événements de la soirée jusqu'au petit matin.

Une fois sorti de la taverne, Ciel avait cherché un établissement où dormir qui serait à la hauteur de ses finances en berne, un recoin au détour d'une ruelle de Mannheim fit l'affaire, et Ciel s'endormit comme un bienheureux, plein de bière mais la bourse vide. Au matin, le réveil fut plutôt rude. Une douleur aiguë le tira du sommeil. Il papillonna des yeux et mit quelques instants avait de faire le lien entre le coup qu'il avait reçu et les trois formes hostiles qui l'entouraient. Cette vision et la certitude que sa vie était en danger acheva de le réveiller complètement. Aux aguets, prêt à bondir, il étudia les trois hommes qui le toisaient d'un air narquois, tout en rapprochant discrètement ses mains de ses dagues. À leurs accoutrements rapiécés et aux bijoux qu'ils portaient, cela ne faisait aucun doute : c'étaient des Gitans.

« Eh bien ! Ciel, commença l'un des types genre patibulaire mais presque, tu nous en a donné du fil à retordre. Mais maintenant, c'en est fait de toi. »

Ciel trouva la garde de ses moitiés d'Organix et les empoigna.

« Qu'est-ce que vous me voulez ? » demanda-t-il d'un ton glacial et menaçant.

Le ricanement qui lui répondit ne lui dit rien de bon.

« Allez, trêve de plaisanterie, reprit l'autre. Tu nous accompagnes bien gentiment. Tu dois encore recevoir le sort que méritent les petits voleurs de ton espèce qui entachent la réputation des Gitans.

– Et si je refuse ?

– Nous avons l'ordre de te ramener en vie. Toutefois, je ne pense pas que cela pose grand problème si l'on te... tue malencontreusement durant ta capture. »

Ciel n'attendit pas un instant de plus. Il se jeta sur ses adversaires, lames en avant. Pris au dépourvu, les Gitans ne purent esquiver le premier assaut furieux de leur proie. Mais ils étaient rompus au combat, et Ciel ne parvint qu'à en égratigner un. Le jeune homme étouffa un juron. Il savait qu'on n'aurait pas d'autre opportunité.

Ciel fit fasse à ses attaquants tout en faisant bien attention à garder son dos contre le mur de la ruelle. Il savait qu'il ne faisait pas le poids, seul contre trois, le ventre vide, affaibli par les conditions de sa fuite. Son cerveau réfléchissait à toute allure pour trouver une échappatoire...

Il n'eut pas le temps de s'attarder sur la question : l'un des trois sbires mandés par Sosthène se jeta sur lui, frappant d'estoc. Ciel para sans peine cette attaque frontale, mais eut déjà plus de mal à repousser l'assaut porté par le deuxième Gitan. Alors qu'il se trouvait dans une position très inconfortable, les bras croisés, chacune de ses dagues retenant un de ses assaillants, le troisième Gitan chargea. Ciel n'eut pas le choix. Il se laissa tomber au sol. Mais il ne fut pas assez rapide : la lame s'enfonça dans son bras droit. Le jeune homme poussa un cri de douleur et tomba au sol, sur le dos. Ses assaillants s'approchèrent de lui, arme au poing.

« Tu es fait comme un rat, Ciel !

– Réfléchis bien à ce que tu es en train de faire, rétorqua le jeune homme d'un ton un peu énigmatique. Tu vas tuer un innocent.

– Ah ça ! répartit le Gitan en partant d'un grand éclat de rire. Tu ne m'auras pas si facilement ! On sait très bien que tu es coupable, et c'est bien pour ça qu'on nous a envoyé te chercher.

– Justement, c'est parce que je suis innocent qu'on veut me tuer. C'est pour me faire taire. Sosthène a peur que je parle. Vous ne comprenez donc pas ? Il vous manipule tous ! »

L'homme eut un moment d'hésitation qui lui fut fatal. Ciel lui décocha un grand coup de pied dans le bas ventre qui laissa prostré au sol, hors de combat. Il se débarrassa radicalement d'un autre de ses opposants. Il n'en restait plus qu'un. Ciel se permit un sourire satisfait.

« Abandonne ! lui enjoignit le jeune homme, triomphant. Tu es seul, tu n'as aucune chance contre moi.

– Mais qui t'as dit que j'étais seul ? » rétorqua l'autre, goguenard.

Le Gitan inséra deux doigts dans sa bouche et émit un sifflement sonore. Aussitôt, tout autour du jeune homme, surgirent d'autres Gitans armés de dagues et de poignards acérées.

*Et merde.*

Ciel prit la fuite.

Il courait. Sans s'arrêter. Il n'avait nulle part où aller. Depuis les toits, il entendait la voix du poursuiveur qui indiquait à ses ennemis le chemin qu'il empruntait. Toutefois, Ciel avait une seule idée en tête : rejoindre la fête sur la place du marché de Mannheim pour pouvoir se fondre dans la foule et les semer. C'est haletant et la manche sanguinolente que Ciel déboula au beau milieu du marché, encore plus animé qu'à l'ordinaire à cause de la fête.

Ciel jetait autour de lui des regards de bête traquée. *Où se cacher ?* songeait-t-il alors qu'il se faufilait entre les étals et les badauds insouciants.

Le jeune homme avisa alors le large étalage d'un maraîcher. Il était haut, chargé de fruits et de légumes en tous genres. Mais surtout, le marchand était occupé à l'autre bout. Ciel se précipita du côté de l'étal, plié en deux pour ne pas être repéré par ses poursuivants dans la foule et se jeta presque derrière un plein cageot de pommes délicieusement jaunes, rouges et vertes.

Sauvé.


Dernière édition par Ciel Garland le Mer 9 Mai 2012 - 10:28, édité 2 fois
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Mage
Leleka EvoëLeleka Evoë

 :Peuple :
Humaine
 :Âge du personnage :
22 ans
 :Equipement :
Une besace contenant quelques jours de vivres et divers objets de première utilité, ainsi qu'un poignard


* * *

Vêtements
:

La Traque [PV Leleka Evoë] {TERMINE} Vide
MessageSujet: Re: La Traque [PV Leleka Evoë] {TERMINE}   La Traque [PV Leleka Evoë] {TERMINE} EmptySam 25 Fév 2012 - 22:45

Le lendemain, je me réveillai en milieu de matinée, lorsque le soleil vint me caresser le visage. Après avoir procédé à une toilette sommaire et brossé mes cheveux, je quittai l'auberge, ma besace sur l'épaule, mon inestimable carnet contre la hanche, pensant régler l'addition plus tard.

Si seulement j'avais su ce qui allait m'arriver, j'aurais probablement payé tout de suite. Ou je n'aurais même pas quitté l'auberge. Mais peu importe pour l'instant, le moment d'en parler viendra bien assez tôt.

Je quittai donc l'auberge le cœur léger, pensant me rendre au tournoi à la recherche d'un mage susceptible de me prendre en apprentissage, ou à défaut pour gagner quelques pièces en soignant les combattants et être sûre de pouvoir payer l'auberge si mon séjour à Mannheim devait se prolonger.

Je me dirigeai donc vers l'endroit où devait se dérouler le tournoi – du moins là où je supposais qu'il devait se dérouler. Ne connaissant toujours pas les lieux, je m'égarai en effet et me retrouvai dans les rues commerçantes. Étant donné l'heure déjà bien avancée, il me parut plus avisé de ne me rendre au tournoi qu'en début d'après-midi. Je décidai donc de flâner le long des étals : même si ma bourse était relativement plate, je pouvais me contenter de regarder les marchandises dont la diversité n'avait d'égale que l'abondance. Lleya était une belle ville, riche et prospère, mais ce jour-là je découvris que rien ne pouvait se mesurer à l'effervescence du marché de la capitale lors d'une fête. La foule était compacte, dense, les gens flânaient comme je le faisais, s'arrêtaient devant les étals, repartaient dans un sens, dans l'autre, achetaient parfois des fruits, de menus objets en guise de souvenir ou de présent pour ceux qui n'avaient pas pu venir, troquaient même leurs propres productions contre des douceurs ou des objets exotiques. Des enfants couraient en tous sens, riant aux éclats, ou au contraire se suspendaient aux manches de leurs parents, quémandant une friandise avec de grands yeux suppliants.

Je me souviens du sentiment de bien-être qui m'envahissait peu à peu, de cette sensation réconfortante d'être anonyme, perdue dans la masse, bercée par le flot des inconnus, de n'être qu'une goutte du sang de la ville, de contribuer aux battements de ce cœur immense qui résonnait avec le mien. Je ne pouvais m'empêcher de sourire, aux inconnus, aux passants, aux marchands dont j'admirais les produits avec les mêmes yeux fascinés que les enfants qui m'entouraient, parfois simplement à moi-même, heureuse d'être là. La sensation d'oppression que j'avais ressentie la veille à l'entrée de la ville n'était plus qu'un lointain souvenir. Tout me semblait harmonieux, à sa place.

Sans doute est-ce pour cette raison que je ressentis aussi nettement la perturbation.

A première vue ce n'était pas grand-chose, presque rien, quelqu'un qui arrivait d'une artère latérale et qui se mêlait à la foule de l'aorte, si la comparaison m'est permise. Ce n'était qu'un homme pressé, ou qui avait perdu une pièce d'argent ou un porte-bonheur et courait frénétiquement après, plié en deux ; du moins, c'est sans doute ainsi que le virent ceux qu'il bouscula.

En ce qui me concerne, après le passage de l'individu, je n'ai d'abord vu que le garçonnet tombé par terre suite au passage de l'homme, qui commençait à pleurer. Je n'étais qu'à un pas de lui, aussi n'eus-je qu'à me baisser pour examiner les dégâts tout en pestant en silence contre les individus sans gêne et incapables de faire attention aux gens qui se trouvaient sur leur trajectoire. C'était un beau bambin d'environ trois ans, dont les vêtements bruns soigneusement rapiécés trahissaient une origine modeste sans être misérable, et les seuls dégâts à déplorer étaient quelques éraflures aux mains et aux genoux. Le problème fut réglé en peu de temps : quelques paroles apaisantes, une rune tracée sur le sol et un baiser au front plus tard, je le rendais à ses parents.

Je m'apprêtais à me relever et à repartir, quand je me figeai : une tache sombre s'étalait dans le dos du bambin qui gambadait pourtant déjà aux côtés de ses parents. Elle n'était pas très large, quelques doigts seulement, mais un enfant de cet âge n'aurait certes pas galopé avec une telle blessure dans le dos. Je me rappelai ensuite qu'il était tombé de face.

Du sang dans le dos, un homme qui bouscule un enfant, du sang dans le dos... La conclusion était évidente : si le sang ne provenait pas du gamin, il provenait de l'homme, sans doute du bras ou de la jambe. Je me souvins qu'il courait. Où courait-il de la sorte ? Chez un guérisseur, à une fontaine, chez lui ? Peut-être avait-il été mordu par une bête errante ? Instinctivement, je me tournai dans la direction d'où il était venu, mais aucun chien enragé n'avait déboulé dans la foule depuis que l'homme était passé.

Je soupirai. L'homme lui-même était sans doute loin à présent, il n'y avait rien que je puisse faire si ce n'était espérer que la blessure n'était pas trop grave.

J'étais sur le point de reprendre une promenade plus sereine, lorsqu'un éclat furtif à la limite de mon champ de vision attira mon attention. Je tournai vivement la tête, en cherchai l'origine un instant, mais ne rencontrai rien de particulier, rien de susceptible d'avoir étincelé, simplement un étal de fruits multicolores. Autour de moi les gens semblaient n'avoir rien remarqué, couples, familles et étrangers flânaient toujours avec la même indifférence, la même insouciance. J'allais renoncer lorsqu'un mouvement, presque devant moi, concentra toute mon attention. Quelques cheveux noirs qui dépassaient d'une caisse de pommes, une manche déchirée, une lame à terre.

Une lame.

Mon cœur rata un battement. Je m'en souviens encore, car il y avait du sang sur la lame.

Je serais bien en peine de dire ce qui me traversa alors l'esprit. La peur, bien sûr, car l'arme n'avait sans doute pas servi pour découper du bétail, mais pour le reste je ne me souviens que d'un grand vide froid autour de moi, entre la lame et moi, la lame ensanglantée qui semblait pointer vers moi, et d'avoir eu l'impression que tout mon sang se retirait vers mon cœur.

Mais le pire, je crois que c'était encore son regard, qui croisa le mien lorsqu'il se risqua à sortir la tête de sa cachette. C'est ce regard que je me rappelle encore le mieux aujourd'hui. Un regard sombre, noir, avec un œil grand ouvert, bien visible, l'autre en partie caché par l'arête du nez. Un œil angoissé, paniqué, où je lus de la terreur, moi qui n'en avais jamais ressenti. Et moi qui n'avais jamais chassé, je sus que c'était le regard d'une bête traquée.

Je restai figée plusieurs secondes. A la peur succédait insensiblement la terreur, insidieuse, comme si elle coulait de son regard dans le mien, dans mon cœur, dans mon âme. Je vis les yeux s'agrandir encore, le regard se durcir, la main s'élever, s'approcher du visage sans lâcher la lame. Je crois que je m'attendais à moitié à la recevoir à travers la gorge, mais il se contenta d'un geste sec devant ses lèvres, index tendu. J'en compris parfaitement le sens.

« Si tu parles... »

« Vous désirez ? »

Cette frayeur ! Je ne sais à quelle divinité je dus de ne pas hurler lorsque le propriétaire de l'étal de pommes s'approcha de moi, l'air vaguement suspicieux. Je m'empressai de lui tendre une piécette en complimentant la couleur de ses pommes, et saisis la première venue. Lorsqu'il s'écarta pour servir quelqu'un d'autre, je baissai les yeux sur mon acquisition. C'était une superbe pomme, jaune, légèrement verte d'un côté, constellée de petites taches brunes et d'une longue trace brun-rouge, déjà sèche.

Du sang.

Je relevai vivement les yeux vers la ruelle, mais plus rien ne dépassait de la caisse. Je restai indécise quelques secondes. Ses blessures devaient être sérieuses, pour qu'il continue à perdre autant de sang après avoir heurté le garçonnet. Je décidai néanmoins que l'idée d'une dague en travers de la gorge n'était que très moyennement séduisante, et rangeai la pomme dans ma besace avec un soupir résigné. Après tout je ne savais même pas pour quelle raison il était blessé. Peut-être l'avait-il mérité.

« Bande d'incapables ! »

L'exclamation rauque et violente me fit sursauter, et je me retournai, le cœur battant. D'autant plus que la décence m'interdit d'employer les termes exacts qu'utilisa l'homme, mais je puis assurer qu'ils étaient bien plus... colorés.

« Vous aviez qu'à mettre la main sur ce morveux et vous avez réussi à le laisser filer ! Vous êtes vraiment des... »

Le tout agrémenté d'apostrophes fort peu sympathiques qui finissaient en « -ards » et en « -auds ».

Je finis par distinguer le responsable de ce chahut, tout près de moi. Un homme de taille moyenne et aux riches parures, à l'allure patibulaire, qui s'adressait à un petit groupe d'individus d'apparence similaire, en plein milieu de la rue.

L'un d'eux émit quelques mots que je n'entendis pas, et le premier, sans doute le chef de la bande, éclata d'un rire sonore et jaune.

« Ah ouais, et puis quoi encore ? Tu crois vraiment que les gens vont nous dire où il est parti ? Mais quel crétin... »

Je finis par comprendre, confusément d'abord puis avec une netteté presque violente, que ces individus peu engageants en avaient certainement après le blessé à la lame rougie.

Et l'autre de continuer, toujours aussi fort, sur un ton d'abord guindé puis de plus en plus violent, une rage de plus en plus évidente, presque démente, en interrogeant des passants au hasard :

« Excusez-moi, n'auriez-vous pas vu un petit morveux aux cheveux noirs en train de s'enfuir comme une perdrix ? Et vous, vous l'avez vu ? Et toi, tu l'as vu ?! »

Sans doute sa démonstration visait-elle à démontrer à son compère l'absurdité de sa suggestion, mais sa progression l'avait amené tout près de moi. Donc de la ruelle. Donc de l'homme. Sans doute avait-il filé, mais s'ils le rattrapaient, seul contre cinq, il n'avait aucune chance. D'un autre côté, je n'étais pas certaine que leur donner une fausse direction fût une bonne idée. Il suffisait que ces hommes s'en rendissent compte et ma situation pourrait vite devenir très délicate. Je n'avais guère l'expérience du mensonge, et doutais que commencer à cette occasion fût très judicieux.

Alors que je décidais qu'il valait mieux ne rien dire, l'homme apparut soudain presque sous mon nez :

« Et toi, ma jolie, tu l'as pas vu, ce morveux ? »

Je reculai d'un pas, surprise, et mal à l'aise de la proximité de cet homme qui, à l'évidence, n'avait plus tout à fait l'usage de sa raison. Puis je sentis à nouveau tout mon sang courir vers mon cœur, mes oreilles bourdonner, la foule ralentir et se troubler. Nul doute que s'il mettait la main sur le blessé, il en ferait de la charpie. Mais moi, que me ferait-il s'il se rendait compte que je mentais ?

« Je ne suis pas "votre jolie". Mais j'ai effectivement vu un homme aux cheveux noirs qui courait, par là. Est-ce un de vos amis ? »

En un éclair de lucidité, je réalisai que j'avais adopté l'attitude un peu hautaine et détachée de Helma, sa voix ferme et son ton imperceptiblement dédaigneux. Surtout, je m'aperçus que, d'un geste vague de la main, j'avais indiqué la foule.

L'homme parut un instant surpris, avant de sembler revenir à la raison. Son regard s'éclaira alors d'une lueur mauvaise, un mélange de convoitise, de mépris et de haine.

«On peut dire ça, ouais. » murmura-t-il d'une voix plus rauque. Quand ça ? »

« Quelques minutes tout au plus. Si vous le retrouvez, dites-lui de faire un peu plus attention, à cause de lui un enfant est tombé par terre. » m'entendis-je répondre en affectant le ton à peine indigné que j'entendais parfois dans la bouche de Helma.

« J'y manquerai pas. »

Avec un rictus, l'homme s'éloigna vers ses compères, et remarqua : « Comme quoi même les idées les plus idiotes peuvent marcher en s'y prenant correctement. Par là ! »

Comment quantifier mon soulagement en les voyant partir à sa suite ? J'attendis quelques instants, puis, profitant de ce que l'attention du vendeur de pommes était détournée, je me glissai dans la ruelle, le cœur battant. Même si je n'avais pas la moindre idée de ce qui avait pu lui valoir une telle désaffection de la part de ces individus, et même s'il était sans doute parti depuis longtemps, je ne pouvais décemment pas le laisser risquer de se faire écharper si je pouvais l'éviter. Je n'étais pas bretteuse et savais à peine tenir un couteau pour couper autre chose que du pain, mais j'étais à peu près certaine que même un combattant expérimenté aurait beaucoup de mal à s'en tirer face à cinq adversaires, surtout blessé au bras ou à la jambe.

Pourtant, lorsque je m'approchai de la caisse de pommes, il était encore là, à tenter d'enrouler une bande d'étoffe autour de son bras. Sa manche était imbibée de sang, sa main en était couverte, le sol brillait contre le mur. L'effroi passa à nouveau sur son visage lorsque je parvins à sa hauteur, et il fit mine de saisir son arme.

« Reste tranquille, tu as perdu beaucoup de sang. » murmurai-je en m'accroupissant. Je coupai sèchement les protestations qui commençaient déjà à s'élever :

« Ecoute, je ne veux rien savoir, ni sur ta blessure, ni sur ces hommes. Je les ai envoyés dans la grand-rue, mais vu ton état tu ne pourras pas leur tenir tête longtemps, alors laisse-moi m'occuper de ça et va-t-en. »

Je me penchai pour examiner la blessure. Elle me parut large et assez profonde, par chance ni l'os ni les nerfs ne semblaient touchés.

Je fermai les yeux, réfléchis un instant aux runes qui pourraient m'aider à refermer la blessure au plus vite, fermai les yeux pour m'imprégner de leur pouvoir et commençai à le déverser dans la plaie.
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La Traque [PV Leleka Evoë] {TERMINE} Vide
MessageSujet: Re: La Traque [PV Leleka Evoë] {TERMINE}   La Traque [PV Leleka Evoë] {TERMINE} EmptySam 24 Mar 2012 - 11:39

Enfin, sauvé... Peut-être avait-il parlé trop vite. En y réfléchissant bien, sa situation était pour le moins précaire. Récapitulons : Ciel était tapi derrière l'étal d'un marchand, qui ne manquerait pas de pousser des hauts cris s'il venait à farfouiller de ce côté-ci, et il n'était pas sûr d'avoir réussi à semer la troupe de Gitans cherchant à l'éliminer. Vraiment pas de quoi s'inquiéter, pas vrai ?

*Où aller, maintenant ?* Ciel n'avait pas réfléchi deux secondes à une échappatoire, et il s'était jeté tête baissée derrière les pommes comme un crabe dans une nasse. C'est crétin un crabe.

Ses yeux cherchaient frénétiquement un endroit où aller pour s'enfuir. Ciel sentait la panique monter, s'insinuer peu à peu dans tout son corps et se mêler à la douleur dans son bras, elle envahissait d'abord ses mollets en coton, puis ses mains tremblantes, son cœur battant la chamade, et enfin arrivait à son cerveau pour l'empêcher de penser. Il y avait bien une ruelle, toute proche, et Ciel dut se faire violence pour ne pas s'y engouffrer à toutes jambes. S'il se levait, le Gitan sur les toits l'apercevrait et lancerait à sa poursuite les autres restés sur le plancher des vaches. Mais il ne pouvait pas rester ici indéfiniment, le maraîcher allait le trouver et le faire repérer. Elle était si proche, c'était si tentant, mais avec un bras en charpie, c'était aussi signer son arrêt de mort.

Son regard fouillait la foule environnante, cherchant l'espoir de s'y fondre. Il accomplit un mouvement circulaire, là un couple tenant chacun par une main un petit garçon joufflu, là encore une jeune femme aux boucles blondes et aux grands yeux écarquillés, et ici une vieille dame richement parée accompagnée de deux serviteurs aux bras chargés de babioles, dans l'autre sens deux jeunes gens qui se tenaient par la mains, un brin surexcités, une jeune femme blonde aux yeux écarquillés, un homme brun armé d'une épée...

*Attends une seconde*Une fille blonde avec des grands yeux écarquillés ? Oui, c'était bien cela, de grands écarquillés qui le fixaient lui, Ciel. Il y avait de quoi ouvrir des yeux ronds comme ceux-ci. Il devait avoir une piteuse allure, avec son bras ensanglanté qui pendouillait lamentablement le long de son corps, ses vêtements tâchés de sang et ses armes au clair, sanguinolentes. Rien de bien joli à voir, quoi.

Ciel croisa son regard. Elle semblait aussi effrayée que lui. Il voyait sa propre peur se refléter au fond de ses prunelles grises. C'était comme se voir dans un miroir. Oui, bon une glace déformante, d'accord.

Le jeune homme reprit précipitamment ses esprit. Il voyait venir le moment où elle allait se mettre à crier, ou parler au marchand, ou encore aller chercher la garde des chevaliers. Ou toute autre chose débile qui pouvait passer par sa tête de blonde. Ciel prit un regard terrible, et lentement, il ramena son doigt sur ses lèvres, sans lâcher sa lame et même en la montrant avec ostentation, en un geste ferme et clair : ta gueule, ou je te bute.

C'était parfaitement inutile, parce que si elle avait eu un brin de jugeote, elle aurait vite compris qu'il était à sa merci complète. Mais rien ne vaut l'intimidation. La peur, ça déconnecte les neurones.

« Vous désirez ? »

Ciel crut que son cœur allait jaillit hors de sa poitrine tellement il avait eu peur. Le marchand ! Bordel, ça y est, il était découvert, il allait mourir, adieu monde cruel !

Une voix féminine bredouillante s'éleva au-dessus de sa tête. Échange de pièces. Rien ? Le gars ne l'avait même pas vu derrière son cageot ? Qu'Odin soit loué : il était tombé sur le seul maraîcher bigleux de tout le marché de Mannheim ! Bon, autre bonne nouvelle : maintenant, elle allait devoir déguerpir en vitesse si elle ne voulait pas paraître louche aux yeux du marchand. Ciel allait peut-être pouvoir tenter une sortie du côté de la ruelle. Après tout, ses poursuivants n'avaient toujours pas reparu. Peut-être avait-il réussi à les semer finalement...

Une flopée d'injure parvint alors aux oreilles du jeune homme. Elles lui étaient familières, car il avait grandi avec elles. Les hommes les criaient parfois d'une péniche à l'autre ou lors des conseils. C'étaient des insultes gitanes, il n'y avait aucun doute là-dessus, accompagnées certes d'autres beaucoup plus classiques mais tout aussi efficaces. Tout espoir l'abandonna, et il sentit aussitôt la panique ligoter son corps et bâillonner son âme. Tout était fichu. Ils avaient perdu sa trace, mais le moment viendrait où s'approcherait de l'étal pour fouiller, et là...

Le cœur battant, le souffle court, Ciel entendit les voix se rapprocher, interrogeant les personnes alentours. Il renversa la tête en arrière et ferma les yeux, tentant de reprendre le contrôle de lui-même. S'il devait mourir, il mourrait en brave. Avec honneur. Avec fierté. En Gitan.

Soudain, la voix fut tout près. Ciel serra plus fort ses deux moitiés d'Organix, prêt à vendre chèrement sa peau.

« Et toi, ma jolie, tu l'as pas vu, ce morveux ? »

La voix qui s'éleva était féminine, indéniablement. Ciel entrouvrit un œil et se risqua à regarder, pour savoir de qui est-ce qu'il s'agissait.

*Damned !* C'était la fille de tout à l'heure, la blonde ! Et mince, elle était intelligente, elle allait le dénoncer, après tout qu'est-ce qu'elle en avait à faire ? Il l'entendit répondre par l'affirmative à la question. Ça y est, il était cuit.

Exultation. Pas qui s'éloignent. Hein ? Qui s'éloignent ? Non. Impossible. Et pourtant si. Ciel distingua ses cinq poursuivants chamarrés se fondre rapidement dans la foule, à l'opposé de sa cachette.

Ciel sentit la tension accumulée depuis un quart d'heure s'évaporer d'un seul coup. Il poussa un immense soupir de soulagement et se laissa aller contre le cageot de pommes. Ses lames tintèrent au sol alors qu'il les lâchait. Mais la douleur dans son bras se réveilla, alors que la peur d'être découvert l'avait faite passer au second plan. Il fallait qu'il arrête l'hémorragie quoi qu'il veuille faire. Il déchira le bas de sa tunique et commença à l'enrouler autour de son bras en un bandage de fortune.

Un bruissement de vêtement le fit relever la tête, et Ciel se trouva nez-à-nez avec l'énigmatique fille blonde. Cela n'avait plus rien d'une simple coïncidence. C'était peut-être une tueuse à gage envoyée par Sosthène après tout. On dit qu'il faut se méfier des apparence, et bien souvent les assassins ont l'air de personnes tout à fait respectables et inoffensives. Ciel n'avait plus de place pour le doute dans sa vie. Il tenta de s'emparer rapidement de ses dagues, mais la fille blonde l'arrêta. Elle chuchotait, mais son ton était ferme :

« Reste tranquille, tu as perdu beaucoup de sang. »

*C'est un piège, Ciel, c'est un piège... Fuis, ne l'écoute pas !* Pourtant, Ciel ne pouvait pas. Il voulut lui dire de le laisser tranquille, de s'en aller, loin de préférence, qu'il pouvait se débrouiller tout seul, qu'il n'avait pas besoin d'elle, qu'il était grand, mais elle coupa tout net :

« Écoute, je ne veux rien savoir, ni sur cette blessure, ni sur ces hommes. Je les ai envoyés dans la grand-rue, mais vu ton état tu ne pourras pas leur tenir tête longtemps, alors laisse-moi m'occuper de ça et va-t-en. »

Plus tard, Ciel devrait s'en mordre les doigts. Mais pour l'heure, il accepta sans broncher plus que cela l'aide bienvenue de la jeune femme. Elle avait tellement raison. Elle étudia sa blessure, puis ferma les yeux. Pendant un instant, Ciel crut qu'elle était en train de se payer sa tête, mais il sentit soudainement une douce chaleur se répandre dans son entaille.

Elle était mage ? Et sans aucun doute très puissante, par Thor ! Ciel n'avait jamais vu de magie de sa vie, ce n'était pas monnaie courante chez les Gitans. Il était très impressionné. Tandis que les runes faisaient leur effet, le jeune homme en profita pour détailler la jeune femme. Comme elle était accroupie à côté de lui, il n'arrivait pas vraiment à se faire une idée de sa taille. Elle devait avoir son âge, sans doute moins, ou alors pas beaucoup plus. Mince, gracieuse, un visage très doux encadré par une cascade de cheveux d'un blond doré et bouclés très longs, elle avait quelque chose d'angélique et d'innocent. Ses vêtements étaient simples et pratiques, des vêtements de voyage : une tunique brune, passée au-dessus d'une chemise blanche à manches bouffantes, des pantalons brun-vert et une paire de bottes.

L'élancement se faisait de plus en plus ténu dans son bras. La magie faisait son bout de chemin. Mais Ciel était poursuivi par la poisse. Alors qu'il levait la tête vers la jeune femme pour bredouiller un remerciement, une voix retentit soudain :

« Les voilà ! Je le savais ! Elle nous a menti, c'était son alliée ! »

Ciel eut juste le temps d'entrapercevoir des vêtements bariolés à travers la foule. Les Gitans s'étaient rendus compte de la supercherie. Sa décision fut vite prise. Il ne réfléchit même pas. Il se leva, ses dagues à la main, et, après avoir jeté un un regard furtif à l'inconnue qui s'était retournée inutilement pour voir ce qui arrivait, il disparut dans la ruelle.

[i]Alors qu'il amorçait un virage pour disparaître à la vue de ses poursuivants, il entendit un cri aigu. Ciel secoua la tête, comme pour se débarrasser d'un bourdonnement gênant. Dans sa vie, il n'avait plus la place pour le moindre état d'âme. Pourtant, instinctivement, il ralentit. Le jeune homme se morigéna intérieurement et accéléra sa course. Son problème, c'était sa vie, pas celle des autres. Il s'était juré que rien ne l'arrêterai. Et les morts ne se vengent pas.


*Quand même, elle t'a aidé sans se poser de question, ni t'en poser. Elle a fait ça purement par altruisme. C'est pas bien ce que tu viens de faire, Ciel.
– Et alors ? Elle est bête, c'est tout. Après tout, elle est blonde. Tant pis pour elle.
– Tu parles comme Sosthène, bientôt. Fais attention, Ciel : celui qui combat les dragons trop longtemps finira par devenir un dragon lui-même.*


Ciel ralentit sa course progressivement jusqu'à s'arrêter complètement. Il s'appuya contre un des murs de la ruelle pour reprendre son souffle. Qu'est-ce qu'il en avait à faire, de l'autre greluche ? Il ne la connaissait même pas, en plus!

Pourtant, quelque chose dans sa tête l'empêchait de continuer. Sa conscience le retenait encore.

Le jeune homme hésita pendant quelques secondes, son regard allant d'un côté, puis de l'autre, se demandant dans quel sens aller. Continuer ou revenir sur ses pas ? Être en paix avec sa conscience ou avec sa haine?

Ciel finit par se tourner pour fuir plus avant. Mais il ne fit pas trois pas qu'il poussa un immense soupir de résignation et revint sur ses pas.

« Et merde ! »

Le jeune homme se remit à courir en sens inverse. En prévision du combat à venir, il joignit ses deux dagues pour former l'Organix complet. Il ne savait pas pourquoi est-ce qu'il faisait quelque chose d'aussi stupide, la fille était peut-être – sans doute – déjà morte à l'heure qu'il était. S'il devait s'arrêter dans toute les villes pour voler au secours d'une demoiselle en détresse, il n'était pas prêt de se venger.
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Mage
Leleka EvoëLeleka Evoë

 :Peuple :
Humaine
 :Âge du personnage :
22 ans
 :Equipement :
Une besace contenant quelques jours de vivres et divers objets de première utilité, ainsi qu'un poignard


* * *

Vêtements
:

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MessageSujet: Re: La Traque [PV Leleka Evoë] {TERMINE}   La Traque [PV Leleka Evoë] {TERMINE} EmptyLun 30 Avr 2012 - 11:32

Je ne compris pas tout de suite ce qu'il se passait. La blessure était sérieuse, peut-être plus que je ne le pensais, et j'étais si concentrée sur ma tâche que je m'en étais coupée du monde qui m'entourait. Ce n'est que lorsque son bras bougea brusquement que je repris conscience de la ruelle, de la flaque de sang et du blessé. Blessé dont je ne vis d'ailleurs que les chevilles, une fraction de seconde avant de perdre l'équilibre et de tomber sur mon séant, étourdie par mon brutal retour à la réalité. Je tournai la tête de droite et de gauche, cherchant la raison de ces mouvements. Sans vraiment comprendre, j'entendis des pas qui s'éloignaient. Un pas vif, très vif. Trop vif.

Alors je tournai la tête dans la direction opposée en amorçant un mouvement pour me relever. Malgré mon esprit encore embrumé, je sentais l'angoisse monter, sans pouvoir encore en comprendre la raison. Lorsque je vis les silhouettes qui obstruaient la ruelle et l'éclat étrangement familier du soleil sur une lame, la mémoire me revint, et je compris soudainement d'où venait mon angoisse.

Je savais que je mentais mal. Je le savais, je l'avais toujours su, mais il avait fallu que je le fasse quand même. Et naturellement, pour un règlement de comptes qui ne me concernait absolument pas, pour un individu qui, remarquai-je lorsque je le cherchai inutilement du regard, s'était enfui sans demander son reste.

Je ne songeai même pas à m'en indigner. Un vertige me prit et je retombai lourdement au sol. Mes perceptions étaient embrumées, comme enveloppées dans du coton. Je réalisai à peine que deux des individus passèrent en courant à côté de moi. Plus rien n'était net autour de moi. Je pourrais arguer du contrecoup de la magie, mais en toute honnêteté je crois que c'était simplement de la peur. Pas de la terreur – pas encore. Juste de la peur, une angoisse qui avait envahi chaque parcelle de mon être couplée à une incrédulité perplexe et un peu stupide.

Je ne peux pas me trouver dans une situation aussi délicate, n'est-ce pas ? Je n'ai rien fait de mal. Après tout ce n'est pas après moi qu'ils en ont, je ne connais même pas cet homme. Ils vont me redemander où il est parti, je vais leur dire que je n'en sais rien, et ils vont s'en aller.

Je crois que telle était à peu près la teneur de mes pensées en cet instant : une dérisoire tentative de me rassurer, si dérisoire que je ne parvenais même pas à me prendre au piège de mes propres chimères. Pourtant je ne pense pas pas avoir envisagé les pires hypothèses. Pas tout de suite. Je ne suis même pas sûre d'avoir songé à prendre mes jambes à mon cou. Je n'arrivais à penser à rien d'autre qu'à cette litanie entêtante : ce n'est pas possible, puis : je n'ai rien fait, ce n'est pas moi, me contredisant moi-même sans m'en rendre compte. Ou peut-être que je m'en rendais compte et que cela aidait la panique à m'envahir encore un peu plus

Cependant les trois hommes restants s'étaient avancés, et instinctivement je reculai, maculant sans m'en rendre compte mes vêtements de sang et de boue.

« Tu tiens à la vie, je suppose ? »

L'interrogation du chef me prit un peu au dépourvu. Bien sûr que je tenais à la vie, comme tout le monde. Je hochai prudemment la tête, juste assez pour que ce fût visible. L'espoir naquit timidement dans ma poitrine. Peut-être allait-il effectivement me demander où était parti l'autre, et me laisser tranquille une fois que j'aurais répondu que je n'en savais rien ? Ce n'est que plus tard que je réalisai à quel point la crainte pouvait paralyser toute réflexion, même la plus élémentaire.

« Alors tu vas nous dire tout ce que tu sais. »

Je reculai encore un peu. La voix était trop douce, trop onctueuse, pour que le moindre papillon vienne s'engluer dans l'espoir d'en réchapper indemne. Et malheureusement, je n'avais rien à avouer.

« J-je ne sais rien. » bredouillai-je. « Je ne sais pas qui c'est, ce qu'il a fait, je ne sais même pas comment il s'appelle. »

A son regard, il me sembla qu'il me croyait.

« Bien. On va le chercher alors. »

Mon soulagement ne dura qu'une fraction de seconde. Le ton était bien trop détaché pour ne pas cacher un « mais ».

« En attendant, Donec va s'occuper de toi. »

Et là, je peux vous assurer que j'eus vraiment l'impression que le temps s'arrêtait, que tout l'air du monde était devenu coton. J'entendis à peine le chef préciser doucereusement :

« Si quelque chose devait te revenir... »

Un instant plus tard, j'étais seule face à un individu dont je ne me rappelle même plus l'allure, encore moins le visage. De toute manière, cela ne me servirait à rien aujourd'hui. Dès le premier mouvement qu'il fit dans ma direction, je me remis précipitamment sur mes pieds, reculant jusqu'à sentir un mur dans mon dos. Lorsque sa poigne velue saisit mon poignet ma main libre se plaqua sur son visage, comme de sa propre volonté. Il recula en hurlant, les mains plaquées sur le visage, alors qu'une odeur de chair brûlée s'élevait dans les airs. Je hurlai aussi, presque en même temps. Une sorte de glapissement je crois, à mi-chemin entre l'effroi et ces cris que poussent les combattants en portant leurs coups.

J'étais presque aussi épouvantée de ses cris et de cette odeur horrible que de mon acte. Je venais de défigurer un homme – à vie, cela ne faisait guère de doute. Et lui qui hurlait, prostré au sol, et l'extrémité de la ruelle, claire jusqu'à présent, qui se remplissait de passants au moins aussi terrifiés que moi. Et de comprendre aux regards, aux armes que dégainaient les chevaliers chargés de faire régner l'ordre, que désormais la foule tout entière était mon ennemie.

Alors je m'enfuis.

En toute honnêteté, je ne me savais pas capable d'atteindre une telle vitesse. Malheureusement, je n'avais guère l'habitude des courses dans les rues, ni même des simples courses, et je ne tardai pas à me trouver complètement essoufflée. Alors que je continuais à courir, tant bien que mal, dans des ruelles de plus en plus étroites et sordides, sans même savoir ce que je cherchais, je sentis qu'on attrapait mon bras, qu'on m'entraînait dans un recoin encore plus obscur, qu'on plaquait une main sur ma bouche avant même que j'aie pu crier.

« Shhhhh ! »

Malgré l'absence de mots, le ton était clairement impératif. Inquiet. En tournant la tête et malgré la pénombre de la ruelle, je reconnus les yeux de l'homme que j'avais soigné. Qui s'était enfui. Après qui ils étaient. A cause de qui toute la ville, tout le pays en avaient désormais après moi.

Le coup partit tout seul. Un instant plus tard, j'étais libre, et lui plié en deux sous l'effet d'un violent coup de coude à l'estomac. Je crois que j'aurais voulu hurler. De rage, de peur, pour l'accuser de ma situation. Mais je ne réussissais qu'à haleter lamentablement, le souffle raccourci par ma course et la crainte.

« Par là ! »

La voix venait d'en haut. Je levai la tête, aperçus fugitivement une chevelure noire et l'éclat du soleil sur un collier d'or, entendis un juron étouffé juste à côté de moi. A nouveau je me sentis entraînée, et sans vraiment comprendre comment je me retrouvai à courir derrière lui – traînée serait plus juste, tant il était plus rapide que moi.

Et soudain, par je ne sais quel miracle, nous nous retrouvâmes au cœur de la foule.
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