- Voilà pour toi un peu d'argent. Tu connais bien Mannheim... Je te laisse seule pour aujourd'hui. Rendez-vous au crépuscule au quartier des hôtes. Et pas de bêtises, Rue, compris ?- Compris, chef !Aude plissa les yeux d'un air suspicieux en tendant la bourse de pièce d'or à Rue. Cette dernière affichait un sourire angélique, désireuse de paraître obéissante. Paraître, parce qu'elle savait qu'à chaque fois qu'elles se séparaient, cela terminé mal, et heureusement que les fois où elles se donnaient rendez-vous comme ça étaient rare. Tiens, par exemple, à leur dernier arrêt qui était Lleya, Rue avait lancé un défis à une mage, et cela avait terminé par un homme en colère car son manteau était abîmé, et de l'argent partit dans le ciel. Et de l'argent, Aude n'en avait pas énormément. Malgré tout, elle se montrait toujours généreuse et en donnait un peu à Rue, comme maintenant.
-Files, gamine.Inutile de lui dire ça, elle avait déjà filé. Même si elle était déjà aller à Mannheim une fois, elle n'avait pas exploré grands lieux et s'était enfoncée dans les pires galères. Cette fois, elle allait suivre l'itinéraire des habitants normaux et rester sage. Et elle allait vraiment le faire ! Elle marcha dans les rues, suivant une femme qui avait des breloques et bijoux, comme des bracelets, des boucles d'oreilles, et une robe colorée. Cela lui rappelait un peu sa grand mère qui était toujours munie de ces accessoires... Rue sursauta quand elle déboucha dans un quartier ensolleillé. Cela ressemblait au village natale de son père, avec des pêcheurs, des navires qui accostaient, des gitanes qui surveillaient avec nervosité leurs enfants qui, désobéissants, se cachaient n'importe où, n'importe quand. Cela lui rappelait aussi son enfance. Tout ces moments qu'elle avait passée avec Delphine, Chloé et Windy, à faire les quatre cent coups et énerver leurs familles...
Elle s'assit au bord de la mer, et observa longuement ses vagues qui se fracassaient contre la côte en gerbe d'écumes. Et puis cela lui rappela l'enterrement de son père. A vrai dire, elle ne se souvenait de rien venant de lui, ou de rares images d'un homme malade et fatigué lui apparaissait. Son frère et sa mère lui avaient souvent raconté des anecdotes passés avec lui avant que la maladie ne le prennent, mais jamais Rue ne s'était reconnue là dedans... Elle entendit les rires des enfants prés d'elle et se tourna. Ce n'était vraiment pas le moment de parler de mort et de souvenir morbides, et puis, ce pauvre Vihm était en train de vivre un sale quart d'heure dans les pattes de ces enfants. Elle le récupéra quand il finit avec sa ration de cheveux à machouiller, et il se déposa calmement sur un rocher à côté de Rue.
Il faisait beau, et Rue se sentait bien. A vrai dire, elle ne voyait vraiment pas ce qui pouvait la déranger, surtout aussi loin du centre ville de Mannheim où les foules débordaient dans les rues.