Le vent soufflait depuis le sud-est, ébouriffant la vaste chevelure que forme la cime des arbres d'Aranwë, descendant en spirale le long de leur tronc, entraînant au passage quelques feuilles rougies qui n'avaient pu être évacuées en lumi, et enfin atteignait ma nuque et lançait en avant le peu de longueur qui était octroyé à mes cheveux. Je regardais ces quelques mèches blondes qui pointaient vers le nord. Vers la direction que je suivais.
J'avais quitté Laëla et la ville d'Argos l'avant-veille, mettant un terme à mon excurison en pays humain... pour l'instant en tous cas. Depuis, je marchais d'un bon pas pour retourner "chez moi". Sur le territoire qui nous appartenait depuis les temps immémoriaux. Lyzangard et la forêt était ce "chez moi". Je ne considérais pas qu'une habitation fixe réponde à cette définition, mais plutôt que tout ce pays était ma maison.
Depuis deux jours, je marchais. Je ne faisais que cela : marcher, marcher... Je reprenai la monotone habitude qui avait bercé la fin de mon centenaire. Mais cette fois, rien ne pressait, et je pouvais me permettre, en marchant, de regarder et d'examiner le paysage autour de moi. Je pus ainsi voir différentes espèce animales tapies dans le couvert des hautes frondaisons. Je crus reconnaître quelques Eskuriax parfumés. Je souriai en voyant ces toutes petites créatures se cacher à mon passage, puis ressortir en comprenant que je ne leur voulais aucun mal, mais restant cependant à une respectable distance de sécurité.
Je soupirai. D'habitude, ces animaux n'était pas craintifs avec mes semblables. Pourtant, il émanait d'eux une certaine méfiance, que je ne comprenais pas. Puis soudain, la lumière se fit dans ma tête.
"Je sens l'humain, c'est ça ?", dis-je à voix haute, d'un ton empreint d'une légère tristesse, à la petite boule de poils blanche.
Deux jours seulement passés en Midgard, et je revenai les vêtements chargé des senteurs de ce peuple. J'avais intérêt à les laver avant de croiser un des miens moins "tolérant" que moi, ou on allait me dire que j'empestai l'humain. Pour m'en donner la preuve, l'Eskuriax retourna dans l'arbre, me laissant seul.
Je n'avais pas l'un des meilleurs sens de l'orientation, mais compte tenu de ma direction hypotétiquement prise, de la vitesse de ma marche et du temps passé depuis que j'avais quitté Argos, je me trouvais encore dans la partie humaine de la forêt d'Aranwë, et j'allais devoir passer une nuit de plus en Midgard...
La nuit tomba rapidement, comme pour confirmer mes dires. Je cherchai alors un endroit en hauteur pour dormir en paix. Du fait de mon entraînement des dernières années, j'en trouvai un rapidement. Le silence forestier s'installa petit à petit avec l'obscurité, et je mis à regarder la lune qui cherchait à éclairer la sylve, malgré les nombreux arbres... Je m'endormis sur cette vision apaisante.
***
Le lendemain, je me remis en marche quelques heures après le lever du soleil. Mon estomac criait famine, et je me jurai d'acheter quelque chose dès que j'arriverai en ville. Je mériterais aussi une bonne douche. Mais pour ça, je n'avais pas besoin d'attendre mon arrivée en ville : un point d'eau suffirait.
Je marchai depuis dejà trois heures, quand je sentis quelque chose se dénouer dans ma poitrine. Je percevais que le vent avait tourné, et soufflait désormais depuis le nord. Il écarta les cheveux de mon visage, et je le laissai faire, levant un peu le menton, et fermant les yeux. Je me sentais en paix.
"Je suis de retour...", murmurai-je.
J'avais enfin fait un pas sur le sol de Lyzangard, ma patrie. J'étais de retour dans mon pays natal, dans la forêt qui m'avait vu naître. J'étais de retour au bercail...
~ FIN DU TOPIC ~
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